Circuit touristique

Originaire de France, la Belle Époque s'est développée entre 1871 (fin de la guerre franco-prussienne) et le déclenchement de la Première Guerre mondiale en 1914. C'était une époque de paix et de stabilité, marquée par des révolutions technologiques dans les transports et les communications, telles que le télégraphe, le téléphone, le cinéma, le vélo, l'électricité et l'automobile. Ces innovations ont contribué à resserrer les liens entre les grandes villes, à favoriser une culture urbaine de loisirs et de divertissement, et à instaurer un climat de paix, de prospérité économique et d'optimisme. C'était également un contexte propice à l'épanouissement des arts (et à la naissance de nouveaux mouvements comme l'impressionnisme et l'Art nouveau), de la photographie et du cinéma.

À Porto, cette période fut également marquée par un développement prospère et une croissance industrielle et démographique, alimentant une expansion urbaine importante. Au milieu du XIXe siècle, des zones auparavant périphériques commencèrent à accueillir des usines, des ateliers et des quartiers ouvriers. La ville vit la création de marchés, comme celui de Bolhão (1837), de jardins comme ceux de São Lázaro (1834) et de Cordoaria (1866), et de cimetières comme celui d'Agramonte (1855). L'évolution de la ville fut également marquée par l'installation de systèmes d'éclairage public (1855), d'adduction d'eau domestique (1887) et d'assainissement.
Le développement des infrastructures de transport et de circulation a conduit à la construction de nouveaux ponts entre les rives du Douro (comme le pont Maria Pia en 1877, conçu par la Casa Eiffel à Paris) et à des liaisons ferroviaires entre le sud et le nord. L'« Americano », un véhicule de transport public hippomobile sur rails, est apparu en 1872. Et en 1895, la voiture électrique a circulé pour la première fois à Porto et dans la péninsule ibérique. La même année, le port de Leixões a ouvert ses portes en bord de mer, remplaçant l'ancien port fluvial du Douro.
Parallèlement, la vie sociale, culturelle et politique de la ville connaît également une grande vitalité.

En accédant à un imposant escalier de marbre, les clients du « Paris » sont accueillis dans un espace spacieux. Cet espace abritait autrefois le bar, où jouer du piano était monnaie courante depuis 1880. Dans la salle de lecture attenante, des journaux quotidiens en plusieurs langues étaient proposés aux clients. La réception donne également accès à d'autres espaces importants, tels que le restaurant, le jardin, trois salles de jeux magnifiquement décorées et un salon de coiffure. Aujourd'hui, le bar est toujours présent dans cet espace, et le vieux piano est un témoignage important de la Belle Époque au « Paris ». Ici, comme dans d'autres espaces de l'hôtel, vous trouverez également plusieurs « coins souvenirs » dont les vitrines conservent d'anciens objets de musée, notamment d'importantes innovations technologiques de cette époque, comme le téléphone et ses équipements.

Bâtiment prestigieux de la seconde moitié du XIXe siècle, le Grand Hôtel de Paris présente, par son architecture, ses matériaux de construction et ses motifs décoratifs, de nombreuses caractéristiques des résidences portoises de cette époque. Imposante propriété de plusieurs étages, ayant connu plusieurs extensions, elle possède un escalier important et fonctionnel, d'autant plus que l'ascenseur n'a été installé qu'en 1966. Ces vastes escaliers sont à l'origine de l'utilisation de puits de lumière, une stratégie architecturale traditionnelle et emblématique de Porto, qui assure un éclairage naturel dans la cage d'escalier et est devenue un élément incontournable de l'image de la ville.

Connu pour sa forte fréquentation étrangère, notamment espagnole et française, le « Paris » est également réputé pour avoir accueilli des personnalités de la scène culturelle portugaise. Tel le romancier Eça de Queiroz en 1866, quelques semaines avant son mariage. Guerra Junqueiro, le poète portugais le plus populaire de la fin du XIXe siècle, y séjourna également en 1885, année où il devint également l'un des artistes visuels les plus en vue du Portugal. Belle Époque Au Portugal, Rafael Bordalo Pinheiro choisit cet hôtel pour un séjour en ville. Cependant, c'est la présence de l'écrivain Camilo Castelo Branco qui marque le plus les esprits, notamment dans la chambre 17. C'est là qu'en 1848, le jeune bohème de l'époque s'installa (c'était encore l'« Hospedaria Francesa ») et consacra beaucoup de temps à écrire, notamment pour le journal alors imprimé au rez-de-chaussée. Il retourna à « Paris », désormais l'écrivain ultra-romantique le plus populaire et le plus célèbre du Portugal, laissant de nombreuses références à l'hôtel dans son œuvre, notamment des allusions à des périodes de convalescence dûment suivies par la cuisinière Gertrudes. Camilo tomba amoureux d'un jeune poète qui vivait dans la rue voisine de Almada. Ana Plácido, quant à elle, fut contrainte par sa famille d'épouser un riche marchand de 24 ans son aîné. Leur relation adultère avec l'écrivain les conduisit en prison pendant un an (1860), mais ils sortirent innocentés du procès. Dans cette cellule, Camilo écrira son roman le plus célèbre, « Amor de Perdição ». En 1888, plus âgé et plus malade, c'est dans cette chambre, la n° 17, qu'il reçut le célèbre médecin Ricardo Jorge. La cécité qui s'était développée, et qui le conduirait au suicide en 1890, était cependant irréversible.

Un an après l'ouverture du Paris, son restaurant ouvrit ses portes en 1878, se distinguant par la qualité de son service et son menu à la carte proposant chaque jour une variété de plats. Spacieux et luxueux, accessible par une porte vitrée aux larges fenêtres donnant sur les jardins, il abrite aujourd'hui l'espace petit-déjeuner. Lieu de dîners-concerts populaires à partir de 1881, qui se prolongeaient tard dans la nuit, le restaurant devint également célèbre pour l'éclairage de son jardin et, entre 1888 et 1907, pour les banquets offerts par Joseph Aufrère, alors associé de l'hôtel. Lieu privilégié pour des rassemblements variés, le restaurant « Paris » servit également de cadre à d'importants événements culturels et politiques, comme un dîner du Parti républicain, au cours duquel le poète Guerra Junqueiro prononça un discours marquant, cinq mois seulement avant la révolution qui mena à l'instauration de la République en 1910. Célèbre au milieu du XXe siècle pour ses amuse-gueules circulant entre les tables avant les repas sur un chariot à deux étages, le restaurant de l'hôtel devint un lieu emblématique de la ville.

Le jardin de l'hôtel est un espace surprenant, agréable et accueillant, à l'abri de l'agitation malgré sa situation en plein cœur de la ville. Aménagé autour d'un petit lac, son eau courante est curieusement acheminée depuis les sources lointaines de l'Arca d'Água par un aqueduc souterrain datant du début du XVIIe siècle.
Théâtre d'une première soirée musicale en 1879, dans un décor nocturne illuminé, les jardins du « Paris » accueilleront d'autres initiatives artistiques et, dans le prolongement du restaurant, seront à nouveau illuminés à partir de 1881 pour accueillir des dîners-concerts.

Les récentes rénovations du « Paris », visant à lui restituer son atmosphère Belle Époque d'origine, ont préservé l'espace de l'ancienne cabine téléphonique. Innovation technologique notable : le premier téléphone sonna dans cet hôtel en 1900. Cette même année, le plus célèbre romancier portugais du XIXe siècle, Eça de Queirós, mourut à Paris, où il était consul. Son dernier roman, « La Ville et les Montagnes », est une excellente réflexion sur la relation entre le monde traditionnel et la modernité, ainsi que sur les profondes innovations technologiques de la Belle Époque . Profondément attaché à la ville, où il avait passé une partie de son enfance et étudié, Eça séjourna au « Paris » en 1885-1886, quelques jours avant son mariage avec Emília de Castro en février 1886, dont le manoir familial se trouvait à environ un kilomètre de là. À cette époque, le téléphone n'existait pas encore ; le marié envoyait donc des messages à sa bien-aimée par messagerie depuis le Grand Hôtel Paris.

Les jardins du Crystal Palace, inaugurés en 1865, sont l'un des plus beaux espaces de Porto, conservant de nombreux éléments de la Belle Époque et de son inspiration romantique. Grands et vastes (huit hectares), ils regorgent d'espèces variées et exotiques de plantes et d'arbres, servant de cadre à la promenade de paons majestueux. Conçu par l'architecte paysagiste Émille David, le jardin s'inscrit dans le style romantique de l'époque, avec ses grottes, ses lacs, ses vestiges et ses allées sinueuses, entourant le majestueux Crystal Palace, une structure de fer et de verre inspirée du Crystal Palace de Londres, qui accueillit de nombreuses expositions importantes. Démoli en 1951, le palais fut remplacé par la Rosa Mota Arena, un pavillon sportif aujourd'hui polyvalent et, grâce à son architecture moderne, devenu l'un des monuments de la ville. L'ascension de son dôme offre une vue exceptionnelle à 360° sur Porto, l'estuaire et l'embouchure du Douro. Sur l'Avenida das Tílias, utilisée pour de nombreuses initiatives culturelles, les visiteurs trouveront la bibliothèque municipale et une chapelle du XIXe siècle construite à la mémoire du roi italien Charles Albert, qui s'est exilé à Porto et est décédé ici en 1849.

En plein centre-ville, prenez plaisir à visiter la gare de S. Bento, considérée comme l'une des dix plus belles du monde. Lieu de départ et d'arrivée, de rencontres et aussi de séparations, elle a été conçue au début du XXe siècle par le célèbre architecte portoricain Marques da Silva, avec une nette influence française, fruit de sa formation parisienne. Avant la gare, le site abritait depuis le début du XVIe siècle le plus important monastère féminin de la ville : le monastère de S. Bento de Avé Maria. Une curieuse légende raconte qu'à l'aube, on entend les pleurs du fantôme de sa dernière religieuse, décédée en 1892, accablée de chagrin par la destruction du bâtiment. Le train est arrivé ici en 1896, mais dans des installations provisoires, car la mort tardive de la dernière religieuse a retardé la démolition du monastère pour faire place à la gare, qui n'a ouvert qu'en 1916. L'atrium de plus de 500 m² est orné de 20 000 carreaux bleus et blancs de Jorge Colaço, dominés par des thèmes de l'histoire portugaise et des scènes traditionnelles du nord du pays. La frise supérieure polychrome illustre l'histoire de l'évolution des transports.

C'est le cœur de la ville ! Depuis 1916, de nombreuses institutions importantes de Porto y ont élu domicile, notamment la Mairie, la Banque du Portugal, des bureaux de presse et des établissements bancaires et d'assurance. Depuis, théâtre d'événements majeurs, l'Avenida dos Aliados répondait au désir d'une grande place centrale reflétant la taille et le dynamisme que la ville connaissait depuis le milieu du XIXe siècle. Mais ce n'est qu'au début du siècle suivant que cette avenue fut achevée. Après l'entrée du Portugal dans la Première Guerre mondiale (1914-1918), elle fut rebaptisée Avenida das Nações Aliadas (plus tard Avenida dos Aliados), en hommage à l'effort national aux côtés des Alliés. Conçue par les architectes municipaux, avec la collaboration de Barry Parker, cet urbaniste anglais eut l'idée de couronner l'avenue avec le nouvel hôtel de ville, construit en 1920 mais achevé seulement 37 ans plus tard. Les bâtiments de l'Avenue forment un ensemble harmonieux et homogène, imposé par la Municipalité, qui a obligé les architectes à concevoir les façades d'inspiration classique, donnant au lieu une image et une monumentalité apparemment plus anciennes.

Bien qu'ouvert tardivement après la Première Guerre mondiale, le 2 décembre 1922, le « Majestic » est, avec son ambiance soignée, son service soigné, sa décoration raffinée et la qualité de son mobilier et de ses matériaux de construction, l'un des espaces Belle Époque les plus emblématiques de Porto. Construit pendant une période de profonde crise économique au Portugal, il évoque néanmoins les « Années folles », indissociable du contexte social et des mouvements artistiques et culturels que Porto et l'Europe avaient connus au cours des décennies précédentes, ainsi que de la nouvelle ère qui s'annonçait. L'impact considérable qu'il a eu sur la ville à l'époque, la notoriété qu'il a acquise auprès de son élite sociale et l'attention qu'il a suscitée dans les médias, qui le comparaient aux meilleurs cafés de Londres ou de Paris, ne se sont cependant pas arrêtés à ces débuts. Depuis lors, et au cours des cent dernières années, le café est devenu l'une des salles à manger les plus emblématiques de la ville. Un lieu de rencontre pour les artistes, les intellectuels, les scientifiques, les hommes politiques et, bien sûr, les nombreux étrangers qui, lorsqu'ils arrivent dans la ville, tiennent à se plonger dans l'ère fantastique de la « Belle Époque » à travers le Majestic.

Considérée comme l'une des trois plus belles librairies du monde, « Lello » est, avec son style néogothique, si évocateur du romantisme, une véritable cathédrale du savoir. À l'instar des cathédrales gothiques médiévales, elle arbore même un immense vitrail sur le toit, apportant lumière et couleur à l'intérieur, illuminant l'espace et l'esprit. Inaugurée le 13 janvier 1906, conçue par l'ingénieur Xavier Esteves, la Librairie Lello reflète également la Belle Époque par son accent mis sur la modernité, comme en témoignent les rails apparents au sol, où les chariots transportaient les livres depuis l'entrepôt, et surtout son emblématique escalier central, peint en rouge, que presque tout le monde imagine en bois, mais qui, en réalité, était construit dans un matériau alors innovant : le ciment. Il s'agit bien de l'un des premiers bâtiments en béton du Portugal !
Bien qu'ouverte en 1916, « Lello » succède à une librairie antérieure, « Chardron », fondée en 1869 et qui, au tournant du XIXe siècle, éditait certains des écrivains portugais les plus célèbres de l'époque, tels que Camilo Castelo Branco et Eça de Queiroz. Il est intéressant de noter que son propriétaire, le Français Ernesto Chardron, fut l'un des associés fondateurs du Grand Hôtel Paris en 1877.

De par sa fonction, sa centralité et sa monumentalité, le Bolhão est l'un des espaces les plus populaires et emblématiques de la ville. L'effervescence constante, les arômes d'une grande variété de produits frais et le langage vernaculaire authentique des vendeurs rendent cet espace unique. Construit en 1839 pour répondre à la forte croissance démographique et aux préoccupations sanitaires croissantes de la ville, il a connu des agrandissements successifs. Il convient de noter l'importante rénovation architecturale réalisée par António Correia da Silva en 1916, utilisant des matériaux de construction innovants pour l'époque (comme le béton), qui a donné naissance au bâtiment spacieux et emblématique que nous connaissons aujourd'hui. Plus récemment, il a bénéficié d'un remarquable projet de rénovation primé par l'architecte Nuno Valentim, qui a conservé les matériaux et les motifs décoratifs d'origine, notamment les tuiles et les structures métalliques. L'origine de son nom – Bolhão – est également curieuse, car elle provient des grosses bulles d'eau qui, avant la construction du marché, se formaient à la surface de ces terres aux caractéristiques marécageuses.

Construit comme résidence aristocratique à la fin du XVIIIe siècle, le palais qui abrite aujourd'hui le Musée national Sores dos Reis (dont les collections et l'exposition permanente incluent tous les grands peintres et sculpteurs portugais de la Belle Époque) fut acquis en 1861 par le roi Pedro V, qui en fit la résidence officielle de la famille royale lors de ses visites à Porto. Plus tard, en 1894, face à l'engouement grandissant en ville et dans la campagne pour ces véhicules rapides, modernes et élitistes qu'étaient… les vélos, le roi Carlos – lui-même grand amateur de sport – autorisa la construction d'une « piste cyclable » dans l'arrière-cour de son palais. Ainsi est né le vélodrome, nommé en l'honneur de la reine consort Amélie d'Orléans, qui est aujourd'hui un intéressant espace en plein air pour visiter une partie de la collection du Museu Nacional Soares dos Reis, à savoir des objets en pierre liés à l'histoire de la ville, résultant des démolitions aux XIXe et XXe siècles d'anciens couvents, chapelles, fontaines et murs.